Acrylique et encre sur A5

Techniques mixtes sur A2, main gauche

Techniques mixtes sur A2, main gauche

Techniques mixtes sur A2, main gauche

Techniques mixtes sur A2, main gauche

Techniques mixtes sur A2, main gauche

Techniques mixtes sur A2, main gauche main droite

Techniques mixtes sur A2, main gauche main droite

Techniques mixtes sur A2, main gauche main droite

Je suis née des entrailles de Medusa et j'ai bu à sa source, jusqu'à la lie.

J'ai en moi l'empreinte de ses tourments, l'abysse de son Vide qui me donne encore le vertige.
Je sais sa vacuité. Je sais sa rage. Je sais sa vague. Je sais son enfermement.
Je ne les crains plus.
Quand il me faut descendre fouiller les profondeurs, je sonde cette boue où elle gît, tapie. L'obscurité m'aveugle et je renifle. L'obscurité me trompe et j'écoute.

L'obscurité affine mes sens et m'évite son regard hypnotique et mortel.
Je ne le crains plus.
Le père sait et n'est plus.

Les gorgonéions grouillent et le sifflement de leurs langues s'insinuent dans mon corps. J'entends les couleuvres. J'entends le déni. Coincés dans les geôles éternelles, ils se débattent dans le vacarme abyssal. La flamme de mon aura vacille. La substance de mon amour rancit.Ils sont nés des entrailles de Medusa. Ils font allégeance à la Cannibale. Ils susurrent les mots de l'Amour, les mots de l'âme-soeur, les mots de l'Unicité. Leurs regards sont des miroirs dans lesquels je contemple mon âme. Ils sont avides de ma Vie.

Pourquoi ai-je survécu? Pourquoi ont-ils abdiqué ? J'ai tant de peine.

Je m'extirpe de cette strate, connectée à l'Univers, et m'enfonce dans les profondeurs de la matrice. Je ne crains rien.

Acrylique et encre sur A2

Des liens indéfectibles m'unissent à la Terre Mère.

J'ai cousu, points après points, les poils aux cheveux, les lianes aux plumes, les crins aux branches, les racines aux artères. C'est l'ouvrage de la filiation, le coeur généalogique. Je sais la patience de l'araignée, l'obstination de l'étourneau, le hurlement du loup, l'agilité du chat, le pouvoir de l'aigle. Je sais la pureté de la rose, la profusion de la vigne, l'exorcisme de l'ortie, la fertilité du saule.

La terre est mon ancrage et me nourrit.

Elle est en moi, je suis en Elle.

Reliée, je plonge dans les viscères de mon enfantement, affronter la Gorgone.

Acrylique et encre sur A2

 Il me faut caresser les écailles froides et descendre jusqu'au commencement. Dans le cordon de mes peurs originelles.

Medusa est là où je ne l'attends pas. Elle prend le masque du loup. Elle prend le masque du père. Elle prend le masque de l'Amour. Elle prend le masque de l'imposture. Tapie dans le giron de sa folie, elle baigne dans un nuage boueux d'illusions et de rêves de perfection.

« Sois qui j'aimerais être » me susurre-t-elle.

Son fiel s’immisce dans mes failles béantes et greffe l'embryon de l'imperfection. Je suis l'enfant sacré, l’élue, l'hérédité de sa perversion. Je suis son kyste, elle est mon kyste. La fusion mortifère me baigne et putréfie mon identité. Je me vois dans son regard. Je m'entends dans ses mots. Je me renifle dans ses sucs. L'Unicité illusoire de l'Empyrée, l'attachement infini, infernal, l'usurpation de l’Âme.

« Deviens ce que je ne suis pas ».
« Offre-moi ta plénitude ».

« Ne me déçois jamais ».

L'enfant sauvage en moi se cabre et se débat. Il me faut l'étourneau et l'ortie et l'araignée et le saule. Il me faut me raccrocher aux liens de la résilience et quitter le marché des dupes. Il me faut renoncer à l'illusion fusionnelle, laisser mourir ce qui doit.

Je ne suis pas l’Élue. Je refuse l'héritage de la perversion.

Je suis l'animale abîmée et recousue, la bête fière,battue et rejetée. Je vais plonger de la falaise dans l'ossuaire des morts nécessaires.
J'abandonne le mirage à sa rage. Définitivement.

Acrylique, collages et encre sur A2

Dans la glaise, reposent éternellement les ossements. C'est là que je dépose ce qui ne doit plus être. C'est là que je trouve asile. C'est une terre douce et argileuse et minérale. J'y meurs et j'y renais. Dans l'ossuaire gisent mes antiques certitudes.

Cycliquement redescendre, déposer, laisser mourir, danser et remonter parmi les vivants.
J'abandonne dans la strate les souillures et les résidus. Je ressoude le clivage originel. Je déprogramme leurs mécaniques. La glaise me purifie.
Et quand chaque tendon aura rejoint un autre tendon, quand chaque ligament aura rejoint un autre ligament, quand chaque ossement aura rejoint un autre ossement, la créature sauvage sera entière et réunie.
Il lui faudra valser avec la Vie et la Mort, encore et encore, pour enfin émerger des profondeurs et, aimante, s'unir à ceux qui l'aiment.

Et dire. Encore dire.

Acrylique, collages, chanvre et encre sur A2